La Nouvelle-Calédonie expliquée aux nuls.



Ca fait quelques mois que l’on vous parle de cette île et on pense qu’il est peut-être temps de vous en dire quelques mots pour expliquer un peu l’ambiance ici. La Nouvelle-Calédonie, aussi appelée le « caillou » quand on est in, est constituée de la Grande Terre et des îles Loyauté. La Grande Terre, c’est le gros morceau, là où on crèche. C’est une île de 500km de long pour environ 100km de large. Elle est entourée d’un atoll (les opticiens!!!) et d’un chapelet d’îlots allant du tout petit mais terriblement mignon au plus gros la bien nommée île des pins. Le relief y est jeune et donc accidenté, les montagnes sont répartis sur tout le territoire. Les deux sommets culminent respectivement à 1628m pour le mont Panié au nord et 1618m pour le mont Humboldt au sud. Du nord au Sud le climat varie assez pour offrir différentes végétations. Le sud est marqué par la terre rouge gorgée de nickel (la richesse de l’île) et couverte d’arbustes. Le centre est recouvert de forêt sèche au niveau de la mer sur la face ouest, de forêt humide sur les reliefs et la côte est (beaucoup plus humide). Le nord est quant à lui très sec car victime depuis quelques années d’un manque d’eau chronique. La Nouvelle-Calédonie vit pour beaucoup du Nickel avec des mines à ciel ouvert qui par endroit balafrent le sommet des montagnes quand il s’agit de petites mines anciennes et toujours en activité. A d’autres il s’agit de gigantesques complexes industriels avec des exploitations sur plusieurs kilomètres carré (2 mines de ce type actuellement).


L'usine de Goro où j'ai bossé 3 mois

La population est d’environ 250 000 dont 150 000 à Nouméa, faisant de cette ville le centre névralgique de l’île. Ville tentaculaire, elle s’étant entre les collines le long d’une baie certainement belle par le passé mais aujourd’hui trop construite pour garder ce charme. Actuellement en rénovation, le front de mer n’offre pas l’image de carte postale qu’on pourrait attendre d’une ville de Mélanésie, mais ressemble plutôt à une ville de côte d’azur dans son lieu le plus branchée (cocotiers soigneusement rangés, séparant la plage de la route côtière où s’alignent les bars branchés où il fait bon se montrer gominé et avec un gros 4*4). Sinon, il s’agit également d’une ville industrielle et il ne faut alors pas s’étonner de trouver des usines à nickel en activité à environ 300m du centre.



En premier, l'hopital de Nouméa puis la belle usine qui se trouve à 300m. Idéal pour le service de pneumologie!!!

Bref, Nouméa n’est pas le diamant du caillou… Non la vraie beauté de l’île se trouve à l’extérieur de la ville, à la brousse comme on nomme ici l’arrière pays. Celle-ci comporte deux provinces (nord et sud), divisé en plusieurs communes, elle-même comprenant plusieurs tribus pouvant ne pas appartenir au même clan… Vous n’avez pas tout compris? C’est normal, nous ne faisons que vous transmettre ce qu’on nous dis, le système tribal reste encore un peu opaque pour nous aussi.




En résumé la population du caillou est le résultat d’un melting pot causé par une histoire assez mouvementée… On retrouve plusieurs communautés dont les Mélanésiens (45% environ). Il s’agit là du peuple originel maintenant appelé Kanak (signifie «homme », provient des marins explorateurs du XIXème pour désigner tout les peuples mélanésiens puis repris dans les années 70 par les indépendantistes calédoniens). Il y a aussi les européens (35%), composé des caldoches qui sont les descendants des colons français et donc né sur l’île et des z’oreilles qui sont les expats venu de France pour s’installé ou encore en tourisme. Il y a ensuite une grande communauté de Polynésiens et de Wallisiens (11%) venue chercher du travail. Et pour finir une communauté d’indonésiens et d’asiatiques venus pour les même raisons. Vous l’aurez compris, nous faisons partit des z’oreilles. Terme pas spécialement flatteur selon son emplois. A l’origine, il a été donné aux personnes qui utilisaient le « HEIN!» dès que quelqu’un parlait avec l’accent local. Une autre explication moins poétique veut que c’est le nom donné aux maîtres des esclaves qui coupaient une oreilles aux évadés repris… Sans commentaires.

Les relations entre ces populations d’origines cosmopolites (oh! Le joli mot que voilà!) donnent beaucoup de richesse à l’identité de l’île mais bien sûr génèrent moult conflits. Le plus visible est bien sûr le désir d’indépendance de la communauté Kanak et de créer ainsi La Kanaky. Un parti politique existe d’ailleurs, le FLNKS (Front de Libération National de la Kanaky Socialiste), et possède un drapeau:

Vert pour la nature luxuriante, rouge pour le sang du peuple fier et ardent, bleu pour la mer et le ciel, le jaune au centre pour le soleil et la flèche faîtière qui représente l’histoire et l’âme de l’île.
Simplement les choses ne sont pas simples, du fait notamment de la présence des Caldoches qui ne souhaitent pas dans leur ensemble cette indépendance voir le jour. Il faut préciser que le passé récent n’est pas fait pour rassembler ces deux communautés. Sans parler d’Apartheid, le système colonial français pratiquait largement la ségrégation. Il s’agit d’ailleurs que de sémantique car le résultat était similaire avec le non accès aux bus, des droits tronqués, des terres volées…Le ressentit se fait toujours sentir, et on sent (je sais, j’utilise beaucoup le verbe sentir, mais je le sens bien comme ça…)nettement un clivage blanc/noir avec une peur de l’autre assez forte. Cela se traduit même géographiquement au niveau des provinces. Ainsi le sud est à majorité caldoche (« cloîtré » dans la région de Nouméa), tandis que le nord est à nette majorité Mélanésienne. On retrouve un autre clivage entre l’est et l’ouest avec les plaines destinées à l’élevage situées à l’ouest. Les propriétaires terriens y sont à très grande majorité des caldoches, les stockmens, sorte de cowboy sauce local. La côte est, plus accidentée, compte peu de terrain plat. L’élevage y est peu développé, on y trouve plutôt des communes à grande majorité mélanésienne. Résultat des terres arables prises aux tribus par les colons au siècle dernier.


Tout ceci sent donc la cocotte sur le point de sauter, surtout dans le contexte actuel ou les accords de Matignon visant à l’indépendance concerté entre Paris et le caillou arrive à échéance. Cela se traduira en 2014 par un referendum pour ou contre. Seulement pour le moment le résultat n’est pas assuré ni dans un sens ou dans l’autre. Le risque à terme est une scission entre le nord kanak et le sud caldoche. Actuellement cette frontière est déjà visible puisqu’il y a 2 ou 3 mois le premier ministre Fillon est venu levé au nom de la France le drapeau bleu blanc rouge ET le drapeau Kanak faisant de ce drapeau un candidat au drapeau définitif du futur pays. Mais ceci n’est pas du goût des caldoches qui ne s’y retrouve pas du tout. Chaque signes identitaires entrainent d’ailleurs les mêmes débats avec la monnaie ou l’hymne.


Les vacances de François.

Bref un beau bordel en perspective surtout que le passé récent n’est pas fait pour rassurer. En effet au milieu des années 80 eut lieu les « Evènements ». Cela fut une tentative d’indépendance lancé par le FLNKS dont le point culminant se produisit durant le second tour des présidentielles qui opposait Chirac à Mitterrand. Sans vous raconter toute cette période que nous connaissons d’ailleurs que par les on -dit, nous pouvons la résumer ainsi. Kanak et Caldoches incapables de se parler et vivant dans la peur les uns des autres on donc commencé à s’équiper en arme pour se défendre durant cette période ou les revendications du FLNKS se faisaient plus pressantes. Evidemment comme tout groupe d’être humain armé, le conflit a dérapé et les coups de feu ont claqués. Bien sûr c’est l’autre qui a commencé. La France a donc envoyé des gendarmes mobils pour séparer les deux belligérants. Mais cela a été perçu comme de la répression par les Kanaks. Et en même temps on ne va pas leur en vouloir. Du coup pour mettre la pression sur la France, une tribu a choisi ce deuxième tour des présidentielles de 1988 pour kidnapper des gendarmes de Ouvéa (une des îles loyauté) et ainsi forcer Paris au dialogue. Malheureusement la seule réponse fut la torture des tribus par l’armée française et la prise d’assaut de la grotte où était retenu les otages se soldant par beaucoup de mort chez les Kanak. A ce sujet on ne peut que vous conseiller l’émission Infrarouge sur ce sujet en attendant le film de Kassovitz actuellement en tournage.

Voilà pour le volet géographique et l’ambiance politique du moment. Si vous lisez cette phrase, merci d'avoir fait l'effort de lire ce petit pavé et courage il reste peu de mot encore. Maintenant nous sommes arrivés que depuis 6 mois et cela n’est qu’une première approche reflet de nos impressions. La situation est bien sûr plus complexe que ce qu’on a décrit ci-dessus. Et dans le même temps les gens n’ont pas que ce sujet là à la bouche. La prochaine fois on vous fera un petit cours d’histoire ou alors un texte sur les maladies d’ici… on hésite… En même temps si vous avez des questions faut pas se gêner, on y répondra dans la limite de notre savoir et de notre envie . Et comme on dit:

« il n’y a pas de questions bêtes, il y a que des gens idiots »

Maré (vous)

13 AU 18 OCTOBRE (après on arrête de publier nos post avec un mois de retard, c'est promis)

Bien le bonjour à vous qui, surement, vous enfoncez dans le temps gris et humide de la terre patrie en cette fin d'automne (aïe!!, ça veut dire qu'il reste l'hiver... dur!!!). En débutant ce blog, nous ne voulions pas tomber dans le cliché des gens qui donne envie, en faisant genre ici c'est le paradis et chez vous c'est trop nul. Et puis on vient juste de voir le blog F/SN'OZ (nos potos en vadrouille en australie) et forcé de constater que eux ne se gêne pas, ben on s'est dit qu'on allait en remettre une couche (on pourra dire que c'est leur faute comme ça). Enfin, soyez bon joueur et prenez ça pour de la photothérapie...

Et pour vous donner le maximum de photons, nous sommes partit les chercher à l'est de la grande terre, à 400km, sur l'île de Maré, une des quatre loyauté ( avec Lifou, Ouvéa et Tiga). Alors, c'est partit pour un séjour de quatre jours, si vous avez crème solaire et lunettes de soleil ben on prêt...

Maré est l'île la plus au sud des Loyauté, il s'agit aussi de la moins connue avec Tiga et donc la moins touristique. Conséquence, elle est aussi plus sauvage et plus préservée. Si le touriste l'évite habituellement, c'est parce-qu’elle n'est pas entourée de plages de sable blanc de plusieurs dizaines de km et que ses côtes ne sont pas bordées d'un lagon protégé par une barrière de corail. L'île en est un peu plus tôt sur l'échelle géologique de formation des lagons. Par contre elle compte bien plusieurs dizaines de plages de sable fin, mais aussi des falaises et des petites criques. Et pour les fonds marins, l'absence de (vrai) lagon est compensée par la présence de nombreuses patates coralliennes avant d'atteindre en quelques coups de palmes des tombants d'une vingtaine de mètres donnant sur le grand large du pacifique. Mais bon commençons par le début.

Le premier jour sur place, nous sommes partit avec notre petit bolide de location à l'assaut de l'île. Première étape, une piscine naturelle, résultat de l'effondrement du sol ayant créé une réserve d'eau alimentée par un siphon donnant sur la mer. Résultat une eau transparente abritant poissons et coraux à l'abris des intempéries. L'endroit sert même de refuge à des tortues de mer en cas de cyclone. Mais bon, nous quand on y était, c'était grand beau temps.







Au fond de cette piscine, on accède donc à la mer et on tombe face à cette côte qui effraie le touriste (remarquez que nous sommes aussi touristes mais bon...) à cause de l'absence de sable.





Si c'est pas affreux!!!

C'est donc attiré par ces fonds que nous sommes partis vers la baie la plus proche, qui se trouve être une au nom un peu douteux puisque nommé la baie Pédé. Gageons qu'en langue mélanésienne, ce terme signifie autre chose... Et ce fut là le lieu d'une première plongée sur l'île, accompagné de notre fidèle appareil jetable qui permet de juger des progrès d'Hélène.







Une vraie sirène!!!!! Et un vrai pied de nez à tout ceux qui se moquaient d'elle avant le départ.

Ah oui!!! c'est vrai qu'on devait vous donner envie. Donc pour la peine, voilà nos petites mines réjouies à la sortie de l'eau.



Le soir venu, on s'est dégoté un camping aux petits oignons. Avec emplacements face à la mer, à côté d'un ponton presque que pour nous. Le tout chez l'habitant qui se trouve être une famille d'une gentillesse à toute épreuve. Pour exemple, cette vue de notre tente.













Ce fut un peu notre camp de base pour la durée du séjour. Le site de plongée en face de la tente était à couper le souffle. En trois plongées, nous aurons été vraiment gâtés avec des raies des sables, des coraux par milliers, des poissons de récifs (perroquets, loches, poissons clowns, chirurgiens...), un tombant de 20 mètres de profondeur donnant sur le grand large et les deux cerises sur le gâteau: la chance de nager avec une tortue et pour Hélène le premier contact avec un requin (un pointe noire d'environ 1m50). Pour le requin, vous n'aurez que notre parole par contre pour ce qui est de la tortue, on aura réussi à dégainer notre 32 poses aquatique... Enfin une fois qu'on a réussi à arrêter de baver dans nos tubas et d'écarquiller les yeux. A croire qu'on devient épileptique quand on voit une de ces bêtes.







Et pour ceux qui n'ont pas bien vu l'engin ou qui vont dire qu'elle est toute petite... Demandons à l'apprenti de Maître Gallibert:

Alors elle était grosse comment?



Et on parle bien de la tortue!?

Voilà pour les plongées qui furent notre principale activité, a raison de quatre heures sous les eaux par jour, et oui ma petite dame!!! Mais quand on aime... On compte pas. Nous avons quand même réussi à visiter le reste de l'île qui recèle plein de trésors cachés. Aussi voilà pèle mêle une sélection des coins qu'on a aimé.






Le saut du guerrier. Qui tient son nom d'une légende qui dit qu'un guerrier poursuivit par ses ennemis aurait sauté le précipice alors que les autres seraient tombé, entraîné par leur élan.




Le trou de Bone. Résultat d'un effondrement du sol constitué de roche océanique émergé et fragile. L'île en compte plusieurs, mais celui là est le plus beau même si ce n'est pas le plus profond.

Et enfin les plages de sables blancs, les cocotiers, les fleurs, la vanille (abondante), les apéros... Dommage qu'il faille revenir à la vie normale. Alors avant de vous laissez vous réabsorber par la pluie qui tombe à la fenêtre et la goutte qui tombe de votre nez, voilà un gros paquets de photos pour finir de vous donner envie de venir chercher le soleil ici. Et puis c'est surtout qu'on a pas réussi à trier.









































Et le mot de la fin à Hélène sous son arbre:



Il fait trop chaud pour travailler!!!!